7h30 j’entre dans le bus, je suis stressé j’ai oublié
mon déjeuner
7h30 il entre dans le bus, il est stressé il ne
voit plus son frère aîné
Quel épuisement après 12 heures de car, toujours
les affaires à porter
Quel épuisement après 12 heures de wagon,
toujours écrasé par tous ces déportés
Je n’aime pas être avec les autres, j’ai peur de
m’endormir
Il aimerait tant être avec les autres, il a peur
de mourir
Incroyable comme le ciel est bleu
Effroyable comme el ciel est gris
J’en ai assez d’être assis, j’ai envie d’être
debout
Il en a assez d’être debout, il a envie d’être
assis
Enfin le camp est là, sympathique des élèves
se mettent à chanter
Au secours le camp est là, effroyable des SS se
mettent à hurler
Alors je passe la grande porte, en souriant parfois
Alors il passe la grande porte, en pleurant cent fois
J’espère qu’il y aura quelque chose de gore ou d’austère,
Il espère qu’il y aura de l’amour d’une certaine
manière
A la vu d’un four crématoire, je me dis quelles
horreurs a pu commettre l’Histoire
A la vu d’un four crématoire, il se dit que c’est
son heure il n’y a plus d’espoir
Alors je ne ris plus, je réalise
Alors il ne vit plus, il se déshumanise
Dire que je devrais être en cours, à m’ennuyer
à mourir
Dire qu’il devrait être en cours, et ne pas travailler
à en mourir
Ce kilomètre à midi sous le soleil m’est
agréable
Ce kilomètre a minuit sans sommeil lui est détestable
Les oiseaux chantent et j’aime bien ça
Tandis qu’il déchante les chiens aboient
On siffle sans stress, on se délaisse
Les SS sifflent, c’est la détresse
Les douches sont vides, je ne m’imagine pas
Le ventre vide, il ne se rebelle pas
Mon camarade fait un malaise, on le relève
Son camarade fait un malaise, on l’achève
Il est l’heure de partir, la glacière m’attend
Il est l’heure de partir, le cimetière l’attend
Alors je pars sans me retourner, tout ça c’est du
passé
Alors il part sans pouvoir respirer, la vie est dépassée
Enfin je sors du camp, la gorge nouée
En lui il coule du sang, la gorge trouée
Sur la veste une étoile, qui brûlera avec
lui
Dans le ciel une étoile, qui brillera pour lui.
Geoffrey Pouget
1ES1
* L’élève s’exprimant à la première
personne du singulier n’est en aucun cas le reflet du comportement de telle
ou telle personne mais un aperçu de ce que l’on peut observer lors de
la visite de camp.